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Et si l'on pouvait vivre ainsi...

Publié le : 22 juin 2007 à 08:29 par claracroche (Site web lien externe)
Catégorie : Nouvelles / Essais

C'est tellement bon... Une bouffée d'air pur, le soleil qui surgit au milieu de l'orage, une clé qui ouvre une boîte qui sentait le renfermé, une montgolfière dans laquelle le vent s'engouffre pour se soulever. J'aime ces moments-là où tout n'est que plaisir, sentir, aimer, vivre, exister.


Souvent on ne me comprend pas, le pire étant ceux qui me regardent comme si je ne méritais pas le respect. Ceux qui me jugent, mais qui sont-ils ? Et puis, comment font-ils, eux, pour respirer ? Ou peut-être ne respirent-ils pas ? Cela expliquerait tout : leur air triste, leur regard sans passion, leur vie étriquée. Moi, j'aime les gens et cela me permet de les rencontrer : une parole décomplexée, loin de ce bain de consensualité, loin de ces réalités matérielles. Je n'aime pas les petites gens. Et c'est ce qu'ils sont, sinon pourquoi me regarder ainsi ?


Après tout, ils n'ont qu'à continuer leur chemin. J'ai tant de haine mais pas assez de forces : je me sens faible et puis, si l'on pouvait vivre ainsi ? Et même si l'on ne pouvait pas, pourquoi me regarder de cette manière ?


Je ne dis pas que c'est facile tous les jours mais si j'ai cette envie chaque matin d'avancer plus loin, c'est grâce à cela. C'est grâce à cela que mes pensées me font voyager plus loin, grâce à cela que lorsque je regarde une bougie, je réfléchis à son existence et à ce qu'elle représente. Je deviens lumineux et plein de vie.


J'ai bien conscience que l'exaltation peut parfois laisser place à la nuit. Mais la nuit n'est-elle pas une maigre conséquence à côté de la force de mon exaltation ? Je vole, je vis, j'écoute, je parle, j'aime... Mieux que quiconque grâce à cela.


Il y a des matins où je me sens mal, le ventre dans une boule, la tête dans une boîte, le cœur dans un caillou, les yeux compressés. C'est dans ces moments-là que je me raconte que loin du discours des poètes et autres artistes, c'est une drogue. Une drogue qui coule le long de mon gosier, jusqu'à réchauffer mes poumons et redonner vie à ma chair. Je me lève et après mon verre, tout va bien, comme un sportif qui s'est échauffé : je peux commencer ma journée. J'en ai toujours sur moi, même au travail, même à la bibliothèque, même quand je marche dans la rue : je porte mon fardeau, sans interruption.


Il est impossible d'oublier, quelque soit l'instant : le poids de mon sac se charge de m'empêcher d'oublier. Quand mes poches sont vides et ma bouteille aussi, je me sens mal. Rabougri, recroquevillé sur moi (que ce soit physique ou psychologique), je grelotte, je pleure, je souffre. Je refuse de penser que c'est dans ces moments la vérité. Non. Dans ces moments, au contraire, rien n'est vrai. Je souffre, je ne suis pas moi, je reste seul alors que je suis tellement sociable, jovial et extraverti au contraire !

Je ne veux pas arrêter. Pourquoi ? Pour retrouver le garçon timide dans son coin que personne ne voit ? Il n'en est pas question. Le docteur essaye de me convaincre.


Elle aussi, elle m'a quitté car elle n'aimait pas que je sois comme ça. En fait, elle ne m'aimait pas sinon elle aurait voulu me voir bien dans ma peau. Je crois qu'elle avait peur que je lui échappe en devenant à l'aise en société. Elle ne m'a pas pardonné de choisir mon bien-sentir plutôt que notre amour.


Et puis de toute façon, je ne pourrais pas arrêter. Je me sens tellement mal quand je n'ai pas ma bouteille. Comme si la vie m'abandonnait. Comme si je m'abandonnais moi-même. Comme si la société m'abandonnait. Seul au monde sans même moi-même. Je n'ai pas le choix, je dois continuer sinon je vais mourir. Je sais qu'avec je risque de mourir aussi mais au moins je mourrais heureux alors que si j'arrête, je mourrais de suite et dans la misère humaine la plus totale.


J'aimerais seulement qu'on ne me juge pas, qu'on me laisse croire que c'est ça la vie et après tout, est-ce si grave ?

Ce texte a été lu 1153 fois.


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Rédiger un commentaire sur ce texte Votre avis sur ce texte … (7 commentaires)
Avatar de Elena

Elena

Le 22 juin 2007 à 15:34

Boire pour se donner l'illusion qu'on existe et ne plus être capable de s'en passer. Des mots qui sonnent juste.
Un texte bien tourné qui montre combien l'alcool est un compagnon de vie aussi trompeur que mortel.
Remonter au texte | #182

Pas d'avatar

arpenteur

Le 22 juin 2007 à 19:00

Voilà un texte bien torché, qui se boit comme du petit lait.
Bravo
Remonter au texte | #184

Avatar de LaetitiaP

LaetitiaP

Le 22 juin 2007 à 22:44

Que c'est triste de croire si peu en soi au point de penser que c'est une bouteille qui détient la clé de soi-même. Ce que l'alcool fait, est seulement de laisser échapper qui l'on est. Encore faut-il pouvoir l'admettre. L'alcool n'est qu'un leurre, une excuse. L'alcool n'est pas le mal. Le mal, c'est la honte ! Cette saleté de honte qui nous empêche d'être nous-même dans le regard méprisant des autres... et parfois de soi-même. Merci pour ce don de soif (de vivre). ;)
Remonter au texte | #185

Avatar de claracroche

claracroche

Le 25 juin 2007 à 09:42

Où est la réalité? Est-ce l'alcool ou la vie sans alcool qui est trompeur???
Buvez ce texte comme du petit lait si vous le désirez ou comme un bon vin!
L'alcool est une fuite facilement perceptible, on ne peut pas en dire autant de la majorité des fuites que nous choisissons...
Remonter au texte | #197

Avatar de Sept

Sept

Le 01 juillet 2007 à 09:02

Un texte ivre de sens, qui laisse entrevoir la dualité évaporée, d'une lutte contre une domination invisible ... Ça coule de source ...

Ni de bien, ni de mal, c'est juste l'histoire d'un choix joliment défendu.
Alors je dirai comme du bon petit lait pour cette bonne cuvée. :)
Bravo.
Remonter au texte | #224

Lecteur de passage (Samuel)

Le 13 août 2007 à 22:23

Votre façon d'aborder le sujet de l'alcool sort de l'ordinaire.Je crois que ça montre assez bien comment un alcoolique perçoit sa dépendance
Remonter au texte | #340

Pas d'avatar

mekoul

Le 14 août 2007 à 14:20

Amie des Lettres,

on ne peut que te laisser le temps de vivre;

Mais se refuser de passer au crible du jugement critique, c'est refuser de se voir au miroir.

Or, l'autre, c'est le vent, c'est le souffle, c'est toi, c'est moi.

Que faire, < L'enfer>, est-ce donc les autres; puisque le ciel est rarement ni chez nous ni chez eux.
Remonter au texte | #343


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