(Les pages de ce récit sont celles d'un livre destiné à être publié.)
Comment aujourd'hui croire en l'Amour, comment penser pouvoir partager toute une vie à deux?
L'Amour qui brule encore en moi depuis 27 ans, doit sa force aux cendres d'un précédent.
1.
Dis Papa, à notre époque peut-on encore croire à l'Amour ?
Toi et maman êtes ensemble depuis 27 ans, aurai-je la chance de réussir mon couple comme vous ?
Comment peut-on s'engager avec confiance ? Tout le monde divorce maintenant, tout le monde trahit ses belles promesses ...
-Ma fille, c'est vrai que cette année maman et moi nous aurons 27 ans de vie commune, sans nuage et toujours dans l'Amour.
Mais tu sais que rien ne se fait sans effort.
Quel compétiteur peut remporter une victoire, s’il n'est pas convaincu que seule sa force à gérer ses faiblesses lui permettra d'être encore plus fort?
Ce n'est pas non plus une question de génération. Les anciens ne divorçaient pas, ils avaient une façade à préserver, mais leur couple n'était pas forcément pour autant plus heureux que ceux de maintenant.
Nous, nous avons donné naissance à une famille heureuse.
S’il a pu en être ainsi, c'est sûrement parce que j'ai puisé le ciment de cet Amour dans les cendres d'un précédent.
Je vais te raconter le feu qui brûla mon cœur et ce premier Amour.
1975, jour de classe et de printemps, il fait beau. C'est la récréation les élèves sont rassemblés par petits groupes dans la cour du collège.
Moi je suis seul comme toujours. C'est mon caractère, et puis je suis un peu timide.
Je me suis toujours isolé. D'ailleurs, je n'ai jamais compris ce qui amuse tant les autres à se moquer, à se battre ou à critiquer.
Alors comme d'habitude, je traverse la cour de long en large le temps de la récré, je suis mes pas, perdu dans mes pensées.
Parfois tout en marchant, je jette très haut un objet qui retombe pile dans ma main ou je lis un livre. Je fais partie du club de théâtre et j'apprends mon rôle tout en marchant.
C'est sûr, on me remarque, et je sais, car je vois que derrière la fenêtre de leur salle commune, les professeurs parlent de moi en buvant leur café, et cela m'amuse.
Parmi un groupe d'élèves rassemblés à discuter, Olivier mon camarade m'interpelle et me demande de le rejoindre.
Alors que je lui réponds, l'incendie prend naissance, mon cœur s'enflamme.
Il y a près de lui une fille qui désormais hantera mes pensées et torturera mon cœur les quatre années suivantes.
2.
Je n’entends pas vraiment ce que me dit Olivier, et je n’ai pas vraiment envie de dire bonjour à ses copains et copines que je ne connais pas.
Déjà je suis gauche, et je me sens si peu intéressant que je pense déranger quand je me mêle à un groupe.
Ce n’est pas qu’une impression. Au collège quand nous sommes en sport collectif, et que les capitaines constituent leur équipe en désignant chacun leur tour un camarade, un élève, je reste parmi les derniers appelés. Ceux que l’on prend parce que c’est la règle qui l’impose, mais que l’on préférait laisser sur le banc de touche. Qu’importe, je suis un des plus fort au poids, à la corde et à la course. J’ai déjà eu le prix de gymnastique et je ne rougis donc pas de ma situation.
Je ne suis pas non plus de Nuits St Georges. Le collège y est situé, et les écoliers qui ont quitté le primaire de cette ville, constituent la majeure partie des groupes où il faut savoir se faire accepter. De toute façon cela ne m’intéresse pas je n’ai rien à leur dire.
Je n’ai encore jamais participé à une surprise partie, à une boum. Qui m’inviterait ?
Moi, j’arrive de mon village situé à sept kilomètres de là. Village de vignerons parmi tant d’autres, dans le pays du vin.
Vougeot, mondialement connu des amateurs de grands vins pour le château du Clos de Vougeot, mais terriblement loin des habitudes des jeunes de Nuits.
Je ne connais d’ailleurs pas grand chose à la vigne. Papa est l’instituteur et le secrétaire de mairie de mon village et il m’arrive d’en être fier.
Oui ! Si les jeunes de mon age m’ignorent, les plus grands et les adultes m’interpellent quand je me présente : « Ah ! Vous êtes le fils de l’instituteur ? »
En effet, papa prend part et sacrifie beaucoup de son temps pour diverses activités sportives, de secrétariat ou autres, du canton.
Le logement de fonction de l’instituteur est situé dans l’enceinte de la mairie et de l’école communale. Ce bâtiment est clos. Personne n’y accède en dehors des heures ouvrées, enfin pas les enfants.
Il me permet de disposer d’un immense terrain de jeu qui comprend le grand grenier, la salle de classe, la cour de l’école et ses agrès, l’immense jardin et les différentes remises et garages. Terrain de jeux que je partage avec mes deux sœurs et mon frère. Ce fut l’univers de mes douze premières années.
Ma vie de jeune garçon s’est construite entre ses murs qui m’ont vu grandir, les jours d’école comme les jours fériés, à l’abri.
Ces murs peuvent avoir des oreilles, mais s’ils savaient parler, bien des secrets seraient dévoilés.
Je sais que ce confinement ne m’a pas appris durant ces années à me construire dans l’adversité. Ce n’est pas non plus l’équipe de foot dans laquelle papa m’avait inscrit de force, qui a pu compenser cela.
J’ai fini à treize ans par déchirer ma licence pour ne plus avoir à subir ce mal de ventre la veille des matchs ou entraînements.
Tout cela est loin maintenant. J’ai presque 15 ans, et je pratique le karaté depuis quelques années. Je suis téméraire sans être très courageux, mais timide et solitaire.
3.
Je rejoins donc le groupe d’Olivier et je lance un bonjour à la volée. Des têtes se tournent vers moi, mais personne ne m’adresse la parole.
Olivier s’approche et m’annonce : « Max, je te présente Maryse, elle voulait te dire bonjour »
Je lui tends la main, mais Olivier me reprend : « Que fais-tu ? Les filles on leur fait la bise ! … ».
Je dois rougir un peu car j’ai soudainement chaud, Maryse se penche pour me faire cette bise, me dit bonjour, me sourit et reprend sa discussion avec les autres.
Olivier me dit à l’oreille que c’est elle qui lui a demandé de m’appeler, elle voulait me connaître….
Moi, jusqu’à cet instant, je n’avais fait la bise qu’à mes sœurs et cousines, comme je le faisais à mon frère ou à mes cousins.
Enfin, au grand jour, car en primaire, il m’est arrivé parfois de « coincer », en cachette, quelques filles pour les embrasser furtivement.
Comme j’aurai marqué un cœur sur l’écorce d’un arbre.
Mais là, comme cela, devant tout le monde ... C’est la première fois.
Maryse est la fille d’un commerçant de Nuits, elle me semble plus âgée que moi.
Avec ses lunettes noires elle fait sérieuse. Elle me fait penser à une gouvernante.
En tout cas, elle ne me captive pas. Dommage, pour une fois que quelqu’un s’intéresse à moi.
J’en profite pour demander qui est l’autre fille du groupe.
Elle rit souvent, d’un rire clair et franc qui m’enchante.
Elle a vu que je parlais d’elle à Olivier, m’a souri et a repris sa conversation avec les autres.
Presque ma taille, mince, cheveux châtains aux épaules, vêtue d’un jean et d’un pull gris, je l’observe discrètement. J’entends qu’elle se prénomme Isabelle.
Ses formes ne sont pas très féminines, et c’est tant mieux ! Elle devrait moins intéresser les autres jeunes de mon âge.
Elle est un peu garçon manqué, selon moi.
Comme celles que je peux voir et admire dans les films en noir et blanc, femmes de cow-boy ou indiennes pour qui, John Wayne ou Gary Grant se sacrifient.
Maintenant je le sais, mais sans jamais en avoir connu la raison, c’est pour une fille de ce type là que mon cœur existe.
Et ses battements qui s’emballent à chaque fois que j’aperçois qu’elle regarde dans ma direction, ne me trompent pas.
« Olivier, tu connais cette fille là? Isabelle.
-Ben c’est la Soussou !…
-Pourquoi la Soussou ?
-C’est Isabelle SOUVIGNET, elle est de Vosnes Romanée.»
Vosnes Romanée! C’est juste à coté de chez moi, peut-être aurais-je l’occasion de la rencontrer.
A cet instant sournoisement mon destin vient d'être scellé. Mes faits et gestes des années à venir n'auront qu'un seul but; conquérir le coeur d'Isabelle.
Vagabonde
Le 05 février 2008 à 22:14
Elena
Le 07 février 2008 à 10:32
J'attendrai la parution des prochains chapitres pour affiner mon commentaire.
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