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Le puits des sept vies

Publié le : 27 avril 2008 à 19:47 par maédir
Catégorie : Textes courts

Il était une fois un homme qui venait de perdre sa femme. Il décida de prendre une nouvelle épouse. De son premier mariage l’homme avait eu une fille qui s’appelait Biba. Sa deuxième femme avait aussi une fille qui s’appelait Rani. Très vite, la petite Biba devint la bonne à tout faire de la maison. Toutes les nuits, elle devait aller très tard puiser de l’eau au marigot. Pourtant, malgré tous ses effort, la marâtre n’avait qu’un souhait : voir Biba disparaître. Sa colère envers elle ne faisait que croître ainsi que ses exigences. Les tâches qu’elle lui demandait étaient de plus en plus nombreuses et irréalisables par une jeune fille.


Une fois elle réveilla Biba en pleine nuit et lui ordonna d’aller chercher de l’eau du puits de sept vies. Or l’eau du puits de sept vies était une légende. Nul ne savait où se trouvait ce puits. Malgré les protestations de son mari, la mégère resta intraitable et exigea son eau. Elle dit à la jeune fille que la porte de sa case lui resterait fermée tant qu’elle ne lui rapporterait pas l’eau du puits de sept vies.

Biba prit une calebasse et s’enfonça dans la nuit noire en pleurant et en appelant sa défunte mère à la son secours. Après avoir marché longtemps, elle s’assit sous un grand baobab, fatiguée et s’endormit. Quelques instants, sa mère lui apparut et lui dit ceci : « ma fille garde ta bonté et ta bonne foi pour toi et n’aie aucune crainte. Je suis avec toi et je te guiderai. Lève-toi et continue droit devant toi. Au premier carrefour, tu prendras la route qui te semblera la plus impraticable et la plus marécageuse. Garde confiance !»


Sitôt dit, sitôt fait. Le chemin s’enfonçait dans un marais tellement impénétrable que par endroit, elle avait de la boue jusqu’au nombril. Les ronces étaient tellement touffues et acérées que ses bras et ses jambes étaient couverts de coupures sanguinolentes. Enfin, elle arriva dans une clairière et vit la tortue Toroki couchée sur le dos qui gesticulait, les quatre pieds en l’air, pour essayer de se retourner. Mais rien ni faisait. Elle s’en approcha et lui dit :

« Bonjour madame Toroki la tortue. Puis-je vous aider ? »

Et la tortue répondit :

« Voilà deux jours que je suis tombée de l’arbre. Je n’arrive plus à me remettre sur mes pieds. »

Biba retourna la tortue sur ses pattes. Celle-ci lui demanda ce qu’une jeune fille seule cherchait en pleine nuit dans la forêt. Biba lui raconta son histoire et le but de son voyage. La tortue acquiesça et lui indiqua le chemin à suivre.


Elle marcha encore très longtemps dans la nuit et traversa une sombre et inquiétante forêt. Au petit matin, elle arriva sous le grand manguier. Elle s’assit épuisée, s’endormant au pied de l’arbre. Soudain, un grognement la réveilla en sursaut. C’était le manguier qui se lamentait et se plaignait que personne ne voulait de ses fruits, que tout le monde trouvait ses mangues trop mures et pas assez belles. Cela rendait le manguier tellement triste qu’il passait ses journées à pleurer et à se lamenter. La situation était tellement comique que cela aurait fait rire plus d’un passant. Mais Biba garda tout son sérieux et dit au manguier :

« Monsieur le manguier, je trouve vos fruits tellement beaux que j’aimerais en goûter pour mon petit déjeuner, s’il vous plaît. »

Le manguier, surpris, se pencha pour regarder l’humain qui lui parlait avec tant de gentillesse et dit :

« Avec plaisir jeune fille ! Mais dites-moi, que faites vous si loin de vos contrées ? C’est très dangereux d’aller si loin de chez soi ! »

Biba raconta une fois de plus son histoire et le but de son voyage. Le grand manguier lui indiqua le chemin à suivre avec ces recommandations :

« Ma fille, tu vas arriver bientôt chez une très veille dame. C’est la Mère Humanité. Elle est notre mère à tous. Suis bien ses recommandations et ne t’étonne de rien. »


En effet, Biba avait dépassé la limite de la frontière des hommes. Elle était parvenue dans le pays de nulle part, le pays ou l’impossible devenait possible, le pays d’où aucun humain n’était revenu. Dans ce pays, la nature, les hommes et les animaux vivaient en harmonie.

Elle se mit à nouveau en route et en fin d’après midi, elle arriva chez Mère Humanité. Elle salua gentiment la veille dame et lui expliqua le but de son voyage.

La veille dame lui adressa ces mots en lui tendant un bout d’os et un grain de riz :

« Ma fille il est bien tard. Tiens ceci et prépare-nous un dîner. »

Mère Humanité n’avait d’humain que sa forme, celle d’une très très très vielle femme. Sa voix était lointaine comme un écho. A la place des yeux, on voyait juste deux traits surmontés d’une sorte de poil broussailleux pour sourcil. Sa peau ressemblait à l’écorce d’un baobab vieux d’au moins un siècle. Le plus surprenant était qu’elle avait une bouche très charnue avec une rangée de dents intactes, blanches et très effilées.

Biba prit l’os et le grain de riz et entreprit de faire la cuisine. Surprise ! Le grain de riz cuit devint une casserole pleine de bon riz blanc et parfumé. Le bout d’os devint un rôti de bonne viande cuite. Biba et la dame se régalèrent. A la fin du repas, la Mère Humanité lui dit ceci :

« Merci pour ce repas ma fille. Maintenant il faut que tu te caches car mes plus jeunes enfants vont rentrer et s’ils te trouvent, ils vont te tuer. Enduis-toi de cette huile, tu sentiras moins l’humain. Prends cette aiguille, cache-toi sous le lit. Dès le premier chant du coq, pique les. Ainsi ils s’en iront plus vite de la maison. »

Gbahi le lionceau, Singa la hyène, Nge le léopard, rentrèrent dans la maison de la Mère Humanité dès la nuit tombée.

Biba suivit les recommandations de la dame. Cachée sous le lit, elle attendit que les animaux s’endorment. Au lever du soleil elle les piqua avec l’aiguille. Les animaux se réveillèrent et s’en allèrent aussitôt.


Après leur départ, la dame demanda à Biba d’aller derrière sa case et de choisir une petite calebasse. Elle précisa bien « rien qu’une petite calebasse ».

Biba y alla et trouva deux sortes de calebasses : les très grosses qui accouraient vers elle en lui disant « prends-moi, prends-moi !» et les toutes petites qui fuyaient en lui disant « ne me prends pas , ne me prends pas !»

Biba attrapa sans hésitation la plus petite calebasse.

Après avoir fait le ménage dans la case de la Mère Humanité, elle lui fit ses adieux, lui demandant la permission de retourner chez son père. Elle demanda à la dame où trouver l’eau du puits des sept vies.

Avant de la laisser partir, elle lui donna un œuf en lui précisant bien qu’elle devait le casser au premier croisement qu’elle rencontrerait sur son chemin. Elle lui conseilla aussi de casser la petite calebasse dès qu’elle serait au dernier carrefour sur le chemin qui mène chez son père. Elle l’envoya derrière sa maison remplir son seau dans un vieux puits de pierre, le puits des sept vies.


Biba se remit en route vers son village, portant précautionneusement le précieux seau d’eau.

Au premier croisement, elle cassa l’œuf. Elle se retrouva immédiatement au dernier carrefour sur le chemin qui menait chez son père. Elle cassa alors la calebasse. Elle vit alors devant elle un palais, des serviteurs, des biens prodigieux et des chanteurs entonnant ses louanges. Tout n’était que richesses et abondances. On l’habilla comme une princesse et la mena au palais.

Quelques jours plus tard, elle alla voir son père et sa belle-mère, leur raconta son voyage et les invita à venir vivre chez elle au palais.

Mais la belle-mère refusa net et lui promis que sa fille Rani lui ramerait au moins autant de richesses qu’elle, et même bien plus encore.


On ne parlait plus que de Biba dans le village. La marâtre folle de jalousie invectiva sa fille Rani, l’injuria et la jeta dehors en la sommant d’aller pour elle chercher fortune.

La jeune fille qui était très imbue d’elle même suivit le même chemin que sa sœur. Elle refusa d’abord de retourner Toroki la tortue en lui disant qu’elle était pressée. Elle lui reprocha de s’être mise dans une telle situation et lui dit qu’elle n’avait qu’à se débrouiller seule pour s’en sortir. Quand elle arriva au pied du grand manguier elle cria à bouche que veux tu qu’elle n’avait jamais vu une chose aussi monstrueuse et c’était de la pure sorcellerie. Elle traita le grand manguier de tous les noms et lui ordonna de lui montrer son chemin. Le grand manguier le lui indiqua quand même et lui donna les mêmes recommandations qu’à sa sœur Biba.


Arrivée chez Mère Humanité, elle la salua comme ceci :

«Bonjour vieille femme. Ma sœur est venue ici pour chercher de l’eau et elle en est revenue très riche. Je veux la même chose !»

La dame lui donna le grain de riz et le morceau d’os et lui dit :

«Il tard ma fille. Prends ceci et prépare nous le dîner.»

Quand la jeune vit le bout d’os et le grain de riz dans la main de la vielle dame, elle les balaya du revers de la main et s’écria :

«Mais tu me prends pour une idiote ! Où as-tu vu faire un repas avec une graine de riz et un bout d’os ? Donne-moi de vrais ingrédients si tu veux un vrai repas !»


La dame alla chercher un gros morceau de viande fraîche et un bol de riz qu’elle lui tendit. A la fin de la cuisson, il ne restait qu’un bout d’os et une graine de riz dans la casserole. La vieille dame ne lui fit aucune remarque sur ce repas et lui donna les mêmes recommandations qu’à Biba, concernant le retour de ses derniers enfants.

Mais Rani trouva que l’huile sentait trop mauvais pour sa belle peau délicate. Dès que les animaux arrivèrent, ils remarquèrent que la maison sentait l’humain. Ils entreprirent de fureter partout dans la case mais leur mère réussi non sans mal à les convaincre qu’aucun être humain n’y était caché. Les animaux finirent par aller se coucher, le doute au cœur. A peine endormis et sans attendre le chant du coq, Rani leur enfonça l’aiguille dans le corps. Les animaux se réveillèrent et quittèrent la maison en grommelant et en accusant leur mère de leur cacher quelque chose.


Au lever du soleil, Rani, très pressée de rentrer chez sa mère couverte de richesses, demanda à la dame de lui donner sa calebasse. La dame lui expliqua la même chose qu’à Biba. Mais quand Rani aperçut les grosses calebasses, elle se dit : «A quoi bon courir après celles qui ne veulent pas se laisser attraper ! Et les grosses calebasses contiennent sûrement plus de richesses !»

Elle prit donc la plus grosse des calebasses et se mit directement en route sans avoir dit adieu à la Mère Humanité. La dame dût la rattraper pour lui donner l’œuf et les dernières instructions concernant son retour.

Elle cassa l’œuf au premier croisement et elle se retrouva près de chez elle. Là elle cassa la grosse calebasse et toutes sortes de monstres hideux en jaillirent et se jetèrent sur elle pour la dévorer.

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