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Dans les cendres de l'Amour (Chap. I - Part. 5)

Publié le : 22 mars 2008 à 20:50 par ReneMax (Site web lien externe)
Catégorie : Nouvelles / Essais

22.


La sensation étrange que j’aie eue en entrant au collège est réapparue. Cette fois j’arrive à identifier sa signification. Je crois deviner qu’Olivier me reproche quelque chose.

Je ne veux pas lui faire défaut ni lui laisser penser que je trahis sa confiance, et je n’attends pas pour éclaircir la situation.


Nous sommes à l’extérieur de la salle de gym. Après la séance de sauts en longueur et le relais qui est ma course de prédilection, nous avons du temps libre en attendant que tous les groupes soient passés.

Avec Olivier nous nous mettons à l’écart pour faire quelques séries d’abdominaux sous le regard moqueur ou envieux des autres garçons. Je l’ai un peu initié au karaté, et ces exercices sont complémentaires à son entraînement.

Alors que nous battons des jambes, je lui demande si j’ai fait quelque chose qui lui déplaisait. Concentré sur son effort abdominal il ne me répond pas. Du coup, je lui demande pourquoi il ne m’a jamais dit qu’il était dans la classe d’Isabelle, et pourquoi ne pas m’avoir informé sur les raisons de son absence la semaine passée. J’attends.

Il termine son exercice, s’allonge sur le coté appuie sa tête sur sa main relevée pour enfin me répondre :

« La Soussou depuis que je suis dans sa classe est une bonne copine. On rigole bien ensemble, parfois on se retrouve le samedi chez elle. Il n’y a rien que j’ai voulu te cacher mais j’ai bien remarqué que tu lui portais plus d’intérêt que moi je lui en porte.

L’autre semaine après que je t’ais présenté Maryse, la Soussou m’a aussi demandé qui tu étais. J’ai un peu réagi en égoïste, je n’avais pas trop envie de la partager avec toi.

- Dis donc comme tu y vas. Ca ne voudrait pas plutôt dire que tu es amoureux et que tu me vois comme un rival ?

- Quoi amoureux de la Soussou ! Sûrement pas, elle est trop plate …. »


Bon sang ! Je suis choqué que l’on puisse ainsi parler d’une fille. En plus, il lie les sentiments au physique.


« Olivier, ce n’est pas le physique qui compte ! C’est ce que tu éprouves dans le partage avec une personne qu’il faut retenir. Moi, je la trouve belle.

- Regarde ! il me montre du regard Véronique, une autre fille de sa classe. Ca c’est une belle fille. Des formes partout. Tu as peut-être raison, mais quand tu en embrasses une, ce qui compte, c’est ce que tu as dans la main. »


J’essaie d’imaginer la situation qu’il me décrit, mais cela ne correspond à rien que je connaisse et je trouve cet état d’esprit déplacé.

De l’autre côté de la piste, j’aperçois Isabelle qui discute avec d’autres filles. Je la compare à Véronique qui passe à proximité. Non vraiment cela n’a rien a voir. Aucune n’est aussi belle qu’isabelle !

Plus précisément, je lui demande:

« Olivier, as-tu une « copine »?

- En ce moment peut-être. Et toi ?

- Non, enfin je ne crois pas.


23.


- Tu n’arrêtes pas de parler de la Soussou en ce moment.

- Oui peut-être, c’est parce que je ne la connaissais pas et que je la trouve sympathique. Donc toi tu as une copine, tu m’as répondu peut-être. Je peux savoir qui c’est ?

-……Elle habite en face de la Soussou.

- Christelle ?

- Oui, on s’entend bien, et on se voit de temps en temps.

- Tu ne vois donc pas d’inconvénients si parfois je me retrouve avec Isabelle ?

- Tu fais ce que tu veux ….. »


Je stoppe là mes investigations. Si Olivier me dit que cela ne le dérange pas je le crois. Je sens comme un poids en moins sur mes épaules, mes scrupules non fondés disparaissent.

Nous quittons notre place pour rejoindre le groupe de filles. Nous rigolons ensemble avec elles des bêtises que chacun raconte avant que le prof nous demande de réintégrer notre groupe de travail.


La journée déroule ses heures, et moi je suis sur un nuage. Je n’ai pas eu l’occasion de revoir Isabelle et le soir, le bus de ramassage qui était en panne ayant repris du service, nous n’avons pas l’occasion d’être ensemble.

Je rentre à la maison heureux du dénouement de ma conversation avec Olivier. Maintenant j’ai l’esprit libre d’agir comme bon me semble.


Dans ma chambre, porté par les musiques que diffuse la radio, je reste pensif.

Je m’interroge sur les suites que je dois donner à mes actes si je veux que continue durablement ma possibilité de fréquenter Isabelle. En fait j’essaye de faire le point sur ma propre situation, j’ose à peine dire « mes sentiments ».

Dans quelle spirale suis-je absorbé depuis ces dernières semaines ? Je vois bien que mes préoccupations sont centrées sur Isabelle, je ressens bien dans mon cœur ces emballements, ces inquiétudes. Cela correspond trop à ces souffrances passées.

Même si j’essaye de me convaincre du contraire, de me convaincre qu’Isabelle me plait bien uniquement parce qu’elle est sympathique, a une allure qui correspond au style de fille, de femmes que j’apprécie, je dois me plier à la réalité de mes sentiments.

En fin de compte, je ne peux nier l’évidence, je suis amoureux de la Soussou.


Malgré ce constat, j’essaye de refuser cette idée. Je ne me sens pas prêt pour gérer cette situation. Je ne me sens pas à la hauteur, mais à la hauteur de quoi ?

Etre amoureux, c’est bien, mais pouvoir partager cet état avec la personne aimée c’est encore mieux. Je comprends à cet instant qu’il va falloir que je dépasse ce que j’ai connu jusqu’à maintenant.

J’imagine qu’une fille soit soudainement amoureuse de moi. Je ne crois pas que pour autant je serais amoureux d’elle. Si elle venait à m’en parler, je n’aurais pas d’autre solution que de lui dire : « c’est gentil, mais désolé cela ne m’intéresse pas ».

Donc pour la Soussou, je suis dans le même cas et je ne peux lui imposer mes sentiments. Au contraire si je veux que notre petit bout de relation perdure, je vais devoir procéder par étape, essayer de ne pas la gêner, essayer de rendre nos contacts plus proches, plus intimes pour enfin lui dire ce que je ressens pour elle. Un peu comme tenter d’apprivoiser un animal avant d’arriver à le prendre dans ses bras.


24.


Chaque jour de classe, j’ai maintenant au moins une fois l’occasion d’adresser la parole à Isabelle. En cela, mon passage chez elle à porté ses fruits.

A l’école je reste le même, arpentant la cour mon livre à la main, évitant de me mêler aux groupes que je n’ai pas envie de fréquenter. Isabelle continue aussi selon ses habitudes, elle est entourée par ses camarades.

En fait c’est le trajet entre l’arrêt de bus et l’école qui nous rapproche, enfin plus exactement qui me permet de me rapprocher d’elle. J’essaye d’accorder mon arrivée ou mon départ avec les siens, parfois je cours discrètement pour la rattraper et la retrouver « par hasard » si elle a de l’avance sur moi. Lorsqu’elle est en compagnie d’autres personnes je ne vois pas comment l’aborder.

Isabelle aime rire cela s’entend, et les garçons qui l’entourent savent s’y prendre pour l’amuser.

C’est difficile pour moi de les égaler. A dire vrai je trouve le contenu de leurs conversations un peu puéril, faux, et sans profondeur. Je ne veux pas essayer de leur ressembler, en tout cas pas dans l’attitude.

Alors je suis là, à attendre que nos pas se croisent, que nos regards se rencontrent, et je ne prends pas d’initiative.


A l’école, avec l’arrivée du printemps la mode vestimentaire a changé. Les garçons qui veulent être dans le coup portent une veste de treillis.

Pour diminuer ma différence avec eux, donc pour être plus proche d’Isabelle, je décide aussi de quitter mon caban pour entrer dans l’image contestataire en vogue.

Un mercredi après-midi, je fais le déplacement à Boncourt-Le-Bois où un dépôt de matériels de l’armée américaine me permet de trouver « ma » veste.

Je prends le temps de fouiller les étalages, cherchant la parure de ma nouvelle identité psychologique. Finalement mon choix se fait sur une d’elle, légèrement cintrée et comportant un petit drapeau de l’Allemagne à l’épaule. Au CES personne n’a ce genre de vêtement.

Même en suivant un phénomène de mode, tel le héros du film qui refuse la guerre au Viêt-Nam je garde aussi mon indépendance.


En fin de compte ce changement vestimentaire n’est pas sans conséquences. Avec mes parents qui essayent de me dissuader de porter cet habit usé ; ils ne comprennent pas comment le collège peut accepter que l’on soit ainsi vêtu.

En ne cédant pas à leur demande, non pour les affronter mais pour conserver mes chances d’être proche d’Isabelle, je marque avec eux ma volonté de m’affranchir de certaines conventions liées au « bien paraître » : les enfants de l’instituteur secrétaire de mairie doivent être irréprochables.


Puis au collège je marque un certain succès. Mon livre toujours à la main, en marchant ou assis sur les bordures des pelouses je n’ai rien modifié à ma conduite. Pourtant maintenant, des élèves qui ne me sont pas forcément connus m’abordent pour entamer des discussions liées au film, à la provenance de mon vêtement, ou à mon état d’esprit.

Je sors de ce fait de la masse anonyme des collégiens. D’un autre côté, ceux qui chef de bande veulent en tout temps marquer leur suprématie voient en moi une nouvelle cible. A première vue je leur semble doux et frêle, et chose nouvelle on me provoque. Pourtant je parviens à conserver mes distances avec les types de ce genre.

Enfin, un matin où je circule dans la cour, plongé dans ma lecture, je vois Isabelle laisser son groupe et m’approcher. Je m’arrête pour la laisser arriver jusqu’à moi.


25.


Le sourire d’Isabelle m’éblouit. Mon cœur est déjà en conversation avec le sien lorsqu’elle s’arrête.

« Salut, me dit-elle, nous n’avons plus le même bus, on se voit moins.

Tu ne viens pas me dire bonjour quand nous sommes dans la cour ? »

Je lui désigne une bordure de pelouse proche où je lui propose d’aller nous asseoir. Elle me suit.

Nous nous retrouvons là assis au sol avec face à nous, la masse des élèves vaquants à leurs occupations. Je me sens bien, je suis heureux de ce moment partagé.

Pour répondre à sa question, je lui dis :

« Isabelle, si je ne m’approche pas de toi au milieu de tes copains pour te dire bonjour alors que nous ne nous sommes pas encore vus, c’est parce que je suis un peu différent des autres.

Cette politesse, moi j’ai envie de la prolonger en prenant du temps pour te parler, comme je le fais avec tout le monde. Le simple « bonjour à plus », je trouve que c‘est impersonnel, machinal, frustrant ça ne correspond à rien.

Je me dis que forcément toi et tes amis n’apprécierez peut-être pas que je monopolise trop de votre temps avec les blabla de mon bonjour, alors je reste distant. En réalité si je pouvais, je passerai plus de temps avec toi.

- Ha bon ?……

C’est vrai qu’avec les autres je rigole bien, mais on rit de tout et de rien.

Mais avec toi Max j’aime bien parler, on peut discuter de tout.

Je ne t’ai pas dit, je trouve que ta veste est chouette, elle te va bien.»


Je suis sur un nuage. J’ai le cœur emballé depuis que nous sommes assis côte à côte mais là, alors qu’elle vient de me dire qu’elle appréciait de me parler, j’ai les tripes nouées de joie contenue. J’ai envie de lui prendre la main, de lui dire ce que je ressens., de ...


« Tiens voilà Olivier, lance Isabelle.

- Salut, je ne vous dérange pas ? demande t-il »

Je lui réponds que non quand la cloche sonne la reprise des cours. Nous nous relevons, Isabelle et lui rejoignent leur classe, moi la mienne.

Le reste de la journée s’écoule trop lentement, j’ai du mal à faire le tri dans mes idées,du mal à calmer les battements de mon cœur.

Que m’a dit exactement la Soussou ? Y a-t-il un message à comprendre ? Est-ce moi qui m’emballe un peu trop vite parce que c’est la première fois qu’une fille m’adresse ce genre de paroles ? Que lui aurais-je vraiment dit si Olivier n’était pas arrivé. Dois-je lui dire plus ?

Quand la sonnerie annonce la fin de la journée scolaire, je n’ai qu’une hâte: retrouver Isabelle sur le chemin du retour. Seulement je ne la vois qu’au moment où nos bus de ramassage respectifs arrivent . Sans trop réfléchir je décide de prendre son car pour faire un bout de trajet avec elle. Je réussis à la surprendre, et ma récompense et de la voir sourire de ma décision.


Assis l’un prés de l’autre, nous devisons de tout et de rien. A chaque silence, j’hésite encore et toujours à me lancer. J’hésite à me dévoiler. Mes souvenirs des amours passées ne m’encouragent pas à franchir le pas et je sais aussi que chez les uns ou les autres, de belles amitiés ont été détruites par l’expression de sentiments non partagés.

Le bus arrive à Vosne, Isabelle se lève et s’apprête à descendre. Je fais comme elle.

Son sourcil droit se lève dans une interrogation muette. Dans un sourire hésitant par crainte de mal faire, je lui explique que je descends ici avec elle.


26


Nous sortons ensemble du bus qui ne tarde pas à repartir. Isabelle n'est pas allée plus loin, elle attend que je dise quelque chose.

Je ne la fais pas languir, je lui propose de faire avec elle les cinquante mètres jusqu'à sa maison. Elle accepte avec un: « oui si tu veux ».

En chemin je tente de profiter de ces quelques instants où nous sommes ensemble. Je tente aussi d'inventer une explication justifiant ma montée dans son bus, je lui dit:

« Je n'ai pas encore eu l'occasion de le faire, mais aujourd'hui je voulais te demander ce que tu fais samedi?

- Je suis invité l'après-midi chez Olivier avec Thierry. Denis doit venir nous montrer sa moto.

- ....!

-Toi aussi, c'est de cela que tu voulais me parler?

-Non, je ne sais pas qui est Denis, et Olivier ne m'a rien dit.

Moi j'avais pensé qu'avec Olivier et d'autres nous aurions pu nous retrouver au plan d'eau de Saule-Guillaume...

-C'est une bonne idée.

-Peut-être pas... De toutes façons vous avez autre chose de prévu. Bon je vais reprendre le chemin du retour, allez à demain! bonne soirée et bonjour à ta maman. »

Je la laisse pour revenir sur mes pas, vers la route nationale.


« -Max attends! comment vas tu rentrer chez toi?

-A pieds, ce n'est pas loin...

-A pieds! Attends, je vais demander à mon frère qu'il te ramène.

-Non, je n'ai que deux kilomètres à faire. Merci salut! »

Je ne me retourne pas, mais je sais qu'elle m'observe alors que déjà je longe le bas côté de la route en direction de Vougeot.


La distance me laisse tout le temps de la réflexion. J'ai l'impression de ne pas avancer dans ma situation avec Isabelle. Et puis cet après-midi j'étais avec Olivier, il ne m'a encore rien dit.

Dans ma tête j'écoute le dialogue qui s'instaure entre mes questions et mes réponses. Est-ce cela que l'on appelle la conscience?


Ce dialogue intérieur est en fait une remise en question:

Mais qu'est-ce que je connais à l'Amour? Comment doit-on s'y prendre? Ais-je le droit d'être Amoureux d'Isabelle?

De l'Amour personnellement, je ne connais que les belles histoires de princes charmants, ou les attitudes et actions de mes héros de film, et l'image que maman en donne lorsqu'elle en parle. L'Amour conté par les troubadours.


La manière de s'y prendre pour déclarer sa flamme à une fille, je n'en connais qu'une. C'est celle qui consiste dans un moment où l'on se retrouve seuls tous les deux, à lui prendre la main et lui dire ce que l'on a sur le coeur comme: « Isabelle regarde moi; vois tu dans mes yeux cette lumière qui brille? C'est celle du feu de l'Amour qui brûle pour toi dans mon coeur depuis le jour où je t'ai rencontré.

Tu ne me dois rien, mais je voulais que tu saches que désormais, seule ta présence apaise la brûlure que provoque l'attente de te retrouver. Que tu saches; car selon ce que tu en penseras, cet incendie s'éteindra à jamais ou sera le plus beau feu d'artifice de ma vie.


Ai-je le droit d'être amoureux d'Isabelle? Le droit certainement, mais si Isabelle n'éprouve rien pour moi, cela se traduira par l'ennuyer avec mes sentiments. Elle pourrait même se sentir obligée de me consoler, d'avoir pitié.

Non, je ne veux pas prendre ce risque. Je reste sur mon idée de la laisser comprendre ce que j'éprouve pour elle. Dans les films c'est aussi comme cela que se passent les choses.

.../...

Ce texte a été lu 821 fois.


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J'ai des doutes »
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Rédiger un commentaire sur ce texte Votre avis sur ce texte … (2 commentaires)

Lecteur de passage (chris)

Le 31 mars 2008 à 22:02

sans vouloir être désagréable;y a de quoi s'endormir avec 1 récit aussi lent.
Les souvenirs de jeunesse ca va un moment mais ca finit par lasser
Remonter au texte | #876

Pas d'avatar

ReneMax

Le 01 avril 2008 à 05:12

Bonjour Chris

En effet une certaine lenteur voulue "rythme" ce texte lié aux précédents.
En Amour la puissance et la répercussion des sentiments ne sont durables que si ils se sont construits couche par couche, pierre par pierre....
Si tu Aime aucune lenteur n'existe.:)
Remonter au texte | #878


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