test

  • ~ 1 lecteur en ligne

Dans les cendres de l'amour (Chap. I - Part. 6)

Publié le : 02 avril 2008 à 19:59 par ReneMax (Site web lien externe)
Catégorie : Nouvelles / Essais

Deux semaines se sont écoulées depuis cette conclusion intérieure. Le lendemain de mon retour à pied jusqu'à Vougeot, c'est Isabelle qui à l'école est venue me retrouver. Elle a voulu savoir si j'étais bien arrivé chez moi, m'a expliqué qu'elle s'était demandée si elle n'avait pas dit quelque chose de mal pour que je parte si subitement.

J'en ai aussi conclu que je ne lui étais pas indifférent.

Le surlendemain en attendant le bus au marché de Nuits, Isabelle m'a communiqué un numéro de téléphone. Ainsi m'a t-elle dit, la prochaine fois que j'aurai quelque chose de particulier à lui demander je pourrais l'appeler au lieu de rentrer chez moi à pied.

Whaou ! une fille s'intéressait à moi, ai-je pensé ...

Le feu de mon coeur augmentait de force.


Olivier ne m'a rien proposé ces deux week-end passés. J'ai fini par apprendre que Denis était venu présenter sa cinquante centimètres cube chez lui, pour ensuite offrir des tours de moto aux filles qui étaient présentes. Isabelle en fut.

Question moyen de locomotion, j'ai trouvé mon bonheur. Maman me prête son solex. C'est plus bruyant que la bicyclette mais la force du vent qui me caresse le visage est plus grande.

Je suis encore plus grisé qu'à vélo.


J'ai aussi obtenu une réponse positive d'embauche pour travailler chez l'Héritier-Guyot. Je commence début juillet.

Comment ne pas penser être comblé par la vie ? Une amie à qui parler, un travail qui cet été va me conduire à être seul à la maison et remplir mon livret de caisse d'épargne, le beau temps qui accompagne chacun de mes jours, que vouloir de plus ?


La semaine dernière, j'ai intégré la chorale du collège. Madame Avirt qui me connait depuis quelques années, a montré son étonnement quand je lui ai demandé de participer à son cours si tard dans l'année. J'ai prétexté que j'avais l'impression de perdre mon temps en récréation.

Elle m'aime bien et pour faire bonne figure devant le réglement, a testé mes octaves avant d'accepter ma candidature.

Baryton ! a-t-elle conclu. On en manque, installe-toi dans le groupe de droite.

Ma manoeuvre a fonctionné. J'ai eu de ce fait la possibilité une fois par semaine entre midi et quatorze heures, d'avoir une activité commune avec Isabelle sans la présence d'Olivier. Certes avec madame Avirt nous ne rigolons pas autant qu'Isabelle doit le faire en cours avec Olivier, mais ce partage me suffit.


Olivier n'a pas sauté de joie en apprenant que j'allais travailler au même endroit que lui cet été. Il m'a même dit être un ancien de cette entreprise car l'année dernière il s'y trouvait déjà. Il savait que la boîte cherchait du monde mais n'avait pas l'intention de m'en parler.

Je ne comprends pas pourquoi il agit ainsi. Je ne lui en veux même pas, c'est mon meilleur copain. Ca me fait seulement un peu de peine, j'ai l'impression que je ne mérite pas son amitié. Je n'ai pourtant rien fait pour cela !


Les jours grandissent et le soir il fait bon. Il m'arrive quelques fois encore de prendre le bus du retour avec Isabelle. Maintenant nous discutons de tout et de rien devant chez elle, assis sur le muret de sa maison. Parfois Christelle se joint à nous.

Danielle, la soeur d' Isabelle nous rejoint parfois lorsqu'elle rentre du travail. Elle aussi me donne vraiment l'impression d'être une fille bien. Je l'estime vraiment.

J'ai beaucoup de chance de connaître cette famille.

Je suis curieux de savoir ce que l'on pense ou dit de moi chez eux.

Je me demande cela car quand Danielle arrive pour me dire bonjour, elle lance à Isabelle un truc du genre: «Hum... Tiens Max est encore venu te voir... » et elle rigole. Moi je souris à ce sous entendu qu'Isabelle ne semble pas entendre.


Juin est déjà bien avancé. Avec ses jours qui défilent, arrive la crainte de moins voir Isabelle. Quand l'école sera terminée, je n'aurais plus les récréations ou les trajets en bus pour la rencontrer aussi souvent.

Ces semaines passées, notre relation a évolué. Nos sujets de conversations ont délaissé les banalités pour toucher plus sérieusement les sujets de la vie.

Ainsi Isabelle n'hésite plus à me confier ses petits soucis. Je suis naturellement à son écoute et ces débats nous rapprochent. Plus exactement, ils me rapprochent d'Isabelle qui de son côté ne change pas. Pourtant elle m'ouvre une part de son intimité. Confier est le fils de confiance.


Lorsque que nous nous retrouvons à plusieurs, elle n'est pas plus proche de moi que d'un autre. Elle rit même plus avec les autres. Je grince des dents en silence. Forcément, j'ai des sujets de discussions sérieux, les autres restent dans leur futilité.

Un jour madame Souvignet m'a dit : « Max tu fais plus mature que ton âge, tu réagis déjà comme un adulte. »

Mais cela voulait dire quoi ? Que je suis décalé par rapport à mes copains, à ceux de sa fille ? Que je suis quelqu'un de sérieux sur qui on peut se poser ?

Sûrement les deux à la fois. Un avantage pour madame Souvignet qui m'apprécie, mais aussi un handicap car je n'amuse pas vraiment Isabelle. Je devrais peut-être apprendre à faire le clown.

Cette fin de vendredi après l'école nous sommes encore à deviser assis sur le muret de la maison d'Isabelle, Danielle s'approche.

« Bonsoir Max, tiens ! tu vas à l'école en short ?

Samedi après-midi nous allons nous baigner à Saule-Guillaume avec mon Lou et Isabelle, tu veux venir ?

-Oui, de ce temps il fait moins chaud en short, même à l'école. Merci pour l'invitation je serai là »


Et comment si je veux venir ! Je serai avec Isabelle, et cela me permettra de mieux me faire connaître par Danielle et par la même occasion de mieux la connaître aussi.

Isabelle semble contente de ma réponse. Je les rejoindrai directement sur place en solex.

Pour la remarque de Danielle sur ma tenue vestimentaire, il est vrai que depuis mai je vais à l'école en short. On m'a raillé un peu au début dans les couloirs; j'étais le seul à « oser » venir jambes nues, maintenant d'autres élèves viennent aussi en short.


Ce samedi matin je ne traîne pas pour réaliser mes tâches domestiques : bêcher le jardin, étendre le linge pour maman, brûler les papiers des poubelles du secrétariat pour papa et enfin avaler mon repas de midi en famille.

Je saute sur le solex et me voilà parti à Saule-Guillaume.

Je n'ai pas longtemps à attendre pour voir arriver le « clan » Souvignet.

Sont présents : Danielle, Isabelle, Christelle et ses frères, Michel le copain de Danielle et Christian.

Ces deux derniers je ne les connais pas beaucoup, nous nous sommes déjà vus mais sans plus. Je sais parce que Danielle m'en a parlé, que Michel vient de terminer son service militaire chez les parachutistes. C'est un beau garçon, plus grand que moi, bien brun et parlant d'une voix grave.

Je le compare au héros de mes lectures Bob Morane.


Depuis quelques années, j'ai le nez dans les livres. Ils me permettent de m'évader, de me construire et de me cultiver.

Maman grande lectrice de romans désespérait de me voir lire un jour, autre chose que : Akim, Tintin ou Astérix.

Elle a réussi à amorcer le plaisir de me plonger dans d'autres écrits en mettant entre mes mains les livres de la collection verte ou rose : aventures du club des cinq, du clan des sept ou d'Alice. J'ai ainsi délaissé les bandes dessinées.

Puis un jour il y a deux ans, Laurent, un copain de classe m'a proposé un livre d'Henri Vernes : Bob Morane. Depuis je ne lis ou relis que ça.

Son personnage polytechnicien, chevalier des temps modernes, Zorro d'une autre époque, est la face cachée de ce que j'aimerais être.

Au quotidien mes pensées, mes actes collent à ceux de Bob Morane. Certes avec en moins le risque, et le courage peut-être aussi, mais cela, je n'ai jamais eu l'occasion de le vérifier.

Séduit par sa conduite, par ses aventures qui approchent certaines de mes convictions intimes quant à la réalité de la vie, j'ai aussi amené Olivier à découvrir cette série.

Il arrive ainsi que nous passions ensemble un moment dans ma chambre, plongés chacun dans une de ces histoires.


Michel a donc un physique qui correspond à celui que j'ai imaginé pour mon héros. Pour le peu que je connais de lui dans la sourde protection que je projette sur Danielle, cela suffit pour qu'il me soit sympathique et que je ne ressente pas de danger pour la soeur d'Isabelle.

Cette après-midi est des plus agréables. Trois garçons, trois filles au bord de l'eau, partageant en rigolades le temps des baignades et du bord de plage.

Je constate que dans l'eau, Michel est moins à l'aise que moi, et lorsqu'il me défie en joutes aquatiques, bien qu'il soit de trois ans mon aîné et physiquement plus fort, je suis avantagé.

Pour ne pas qu'il perde la face, je résiste à ses assauts mais lui laisse la victoire.

Après quelques-unes une de ces luttes je sens qu'il n'est pas tout à fait dupe; dans son sourire je perçois de la reconnaissance.

Il abandonne les joutes et notre camaraderie vient de se créer.


Je leur montre un jeu que nous pratiquons à la mer avec papa : grimper sur les épaules de quelqu'un qui devient ainsi un plongeoir idéal. Seuls les garçons s'y exercent.

Puis ensemble avec les filles, nous traversons à la nage les deux cents mètres du plan d'eau de la sablière. J'en profite pour discrètement montrer mon savoir-faire : longues brassées sous l'eau et nage indienne qui comme une lame de rasoir, fend délicatement le fil de la surface.

J'ai droit à quelques compliments de Danielle et de Michel. Mais là aussi je prends la précaution de ne pas trop les distancer.


En fin de ce joyeux après-midi, laissant le plan d'eau, nous nous arrêtons à la cabane à frites du parking.

A Danielle qui me propose une barquette, j'oppose un vif refus car je n'ai pas d'argent sur moi ni chez moi d'ailleurs, et par principe ce ne sont pas les filles qui doivent payer.

Michel reprend la main, insiste pour que je partage avec eux ce « goûter » en me disant :

« On vient de passer un bon moment ensemble, on le termine ensemble ».

Je mange donc mes frites avec eux, discrètement attentif à Isabelle en discussion avec Christelle. Elles ont l'air de se faire des confidences.

Tout en dégustant mes frites, j'en viens à tirer le bilan des heures qui viennent de s'écouler. Je me suis débattu dans l'eau comme un beau diable avec Michel et Christian, Danielle et Christelle ont bien discuté avec moi, alors qu'Isabelle, même si elle s'est bien amusée, ne m'a pas plus parlé que d'habitude.

Alors que j'en suis là dans mes pensées, Michel me pose quelques questions. Il veut savoir qui je suis, ce que je fais, me demande si j'ai une petite amie.


Levant mon regard vers la Soussou, je ne suis pas gêné pour répondre que non et que je n'en cherche pas.

Michel me reprend : « Tu n'en cherches pas parce que tu en as déjà une ou parce que tu n'en veux pas ? » Il termine sur un éclat de rire amical, j'ai l'impression qu'il me tend une perche.

Je remarque aussi à son regard, que Christelle a saisi la réalité de mes sentiments.


Toujours par peur de rompre le charme de ce mince lien qui m'unit à Isabelle, je ne donne pas de réponse directe à cette question. Je me contente de dire que souvent les gens confondent compagnie, bagatelle, et Amour. Que les deux premiers ne m'intéressent pas.

Danielle appréciant ma réponse rajoute que des garçons comme moi il n'y en a certainement pas beaucoup ...

Je veux bien la croire.


Sur ces paroles, je prends congé du clan Souvignet en les remerciant de m'avoir permis de partager ces moments sympathiques et alors que je m'éloigne, je suis surpris par Isabelle qui m'accompagne jusqu'au solex pour tout simplement me dire « au revoir, à bientôt Max. »

Une fois sur mon solex, essayant de comprendre ce que cela pouvait signifier, je me souviens avoir remarqué le coup d’œil de Christelle à Isabelle lorsque que j'ai serré la main de ses frères.


Juillet est déjà là. L'école est finie pour cette année scolaire. L'an prochain je passe en troisième, ça sera l'année du brevet.

Un soir de juin en rentrant de l'école, je me suis présenté à mon futur patron. En passant au secrétariat de l'entreprise j'ai remercié madame Chavate, une relation de maman par qui j'ai obtenu cette place.

J'ai commencé à travailler il y a déjà une semaine et pour un mois complet. J'en suis très heureux. Mes journées ont enfin un but, et j'ai moins de scrupules à passer du temps en loisir à la maison ou avec les copains.

Mon job est principalement de décharger les camions qui livrent les fruits nécessaires à la fabrication des liqueurs conçues par l'Héritier Guyot, dont le cassis est la plus connue.


J'apprends à côtoyer d'autres garçons, de mon âge ou plus vieux. J'éprouve plus de sympathie pour deux d'entre eux : Christophe de Chambolle Musigny et Frédéric de Nuits St Georges. Nous travaillons ensemble ainsi qu'avec Olivier qui forcément ne se gêne pas pour faire figure d'ancien dans cette boîte.

Je connais Christophe de vue pour l'avoir déjà observé à la piscine. Toujours avec un tee-shirt jaune et des palmes à la main. Son surnom Poiss, lui vient parait-il de ses camarades qui pensent qu'il nage aussi bien qu'un poisson chat ...

Je découvre aussi qu'Olivier à ici un surnom : Pied de vigne, mais je ne sais pas pourquoi, et il ne veut pas m'en donner l'explication. Mystère.


Papa m'a ramené un Cady, la petite mobylette que n'utilise plus ma cousine. Je peux ainsi me déplacer plus facilement avec Olivier. Sur son insistance d'ailleurs, j'ai convaincu maman de nous laisser le samedi soir participer aux bals des villages voisins, en promettant d'être prudent et de toujours fixer mon heure de retour. A la maison c'est une première, Lalane n'ayant jamais eu cette autorisation.

Les autres soirs de la semaine, je suis souvent chez lui à Flagey, d'où nous partons pour traîner. Vu que je n'ai pas d'argent de poche et que ma première paye n'est pas encore obtenue, pour économiser de l'essence je passe en roue libre et dans les descentes et sur terrain plat, je m'agrippe à l'épaule d'Olivier qui me remorque.

Souvent nous en profitons pour pousser jusqu'à Vosne. Isabelle et Christelle sont heureuses de nous voir arriver car pour madame Souvignet je fais office de chaperon. En effet les filles ne peuvent rester le soir à l'extérieur que si je suis là.

Ce texte a été lu 863 fois.


« Dépendance
par : Valentin
De l'intérieur »
par : Agnès Chêne



Rédiger un commentaire sur ce texte Votre avis sur ce texte … (pas de commentaire)
Aucun commentaire n'a encore été rédigé sur ce texte.

Rédiger un commentaire :

Votre pseudonyme :

Texte du commentaire :
:) :| :( :D :o ;) =/ :P :lol: :mad: :roll: :cool:
Nous vous rappelons que vous êtes responsable du contenu des commentaires que vous publiez.
Votre adresse de connexion (204.236.220.47) sera archivée.
Vous n'êtes pas membre de Jeux d'encre ....
Afin de valider la publication de votre commentaire, veuillez taper le code suivant anti-spam dans la zone de texte située ci-après : 
Important : Les textes déposés sur ce site sont les propriétés exclusives de leurs auteurs. Aucune reproduction, même partielle n'est autorisée sans l'accord préalable des personnes concernées.