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Ce jour là

Publié le : 16 juin 2007 à 05:12 par Constance (Site web lien externe)
Catégorie : Nouvelles / Essais

Il regarde le ciel. Quelque chose au fond de lui le tiraille mais il ne parvient pas à mettre de mots.

Il sent, il pressent que sa vie ne sera plus jamais la même. Pourtant, rien ne semble différent autour de lui.

La rue conserve cette même agitation. Les passants le bousculent, ragent contre cet individu planté là au beau milieu à contempler le ciel.

Est-ce qu'ils ont le temps, eux, de regarder ce qu'il se passe là haut ! Evidemment que non !


Mais lui demeure là, incapable de bouger. Le ciel semble s'assombrir, les nuages s'épaissir.

Il ressent une vibration puis deux. Finit par réaliser qu'il s'agit de son téléphone.

Il hésite à répondre. Pour une raison qu'il ignore, son estomac est noué. Enfin il se décide à décrocher et les mots qu'il entend ne le surprennent pas...


Il s'assied sur le premier banc qu'il trouve. Ses jambes ne le portent plus, tout son corps paraît vouloir s'affaisser.

La pluie se met à tomber violemment sur lui sans qu'il ne bronche. Plus rien ne l'atteint à cet instant. Il est ailleurs ...

Il repense à cette journée qui avait si bien commencé. Une journée qui aurait dû être pareille à toutes les autres.

Anodine dans ses petits bonheurs, anodine dans ses petits tracas. Oui mais voilà, ce qu'il vit à présent n'a plus rien d'anodin, tout a basculé.

Il ne sera plus jamais la personne qu'il était hier.

De bonheurs il n'aura plus. Petits ou grands, ils appartiendront désormais à l'homme qu'il était avant.


Le tonnerre gronde, la pluie redouble d'intensité. Une femme passe en courant devant Lui. Elle tente d'échapper aux trombes d'eau qui s'abattent sur elle.

Un détail dans sa silhouette provoque chez lui un sursaut. Il se redresse comme électrisé en la suivant du regard. Son coeur s'accélère, il cogne dans sa poitrine à le faire hurler de douleur.

Serait-ce possible ? Se réveillerait-il enfin d'un épouvantable cauchemar ?

La jeune femme lui jette un regard furtif et là, il comprend. Non, il n'a pas rêvé. Il est bien dans la réalité, monstrueuse réalité qu'est la sienne.


Le temps passe. Impossible pour lui de savoir depuis quand il est là. La nuit commence à tomber.

D'habitude, c'est un moment qu'il aime et qui l'apaise de toutes les tensions accumulées au fil de la journée. Où il se sent libéré.

Il sait qu'il va rentrer chez eux, qu'il va La voir, entendre sa voix, son rire. Mais ce soir ... Ce soir, ce sera le silence, l'absence, le néant ...

Ce soir, il n'y aura rien et ce rien le terrifie.


Pourtant, il croyait y être préparé. Il fait partie de ceux qui ont toujours pensé que le bonheur n'est que de courte durée.

Que la vie est une garce qui finit toujours par reprendre ce qu'elle a donné. Peut-être qu'il aurait dû davantage se le répéter, peut-être qu'il avait fini par mettre de côté cette fatalité.

Et il s'en veut. Il s'en veut d'avoir pu croire qu'un toujours était possible. Il s'en veut d'avoir goûté avec Elle à ces envies d'éternité.

Il s'en veut et il lui en veut à Elle de l'avoir abandonné. Elle n'en avait pas le droit, Elle lui avait promis d'être toujours là.


Des larmes de colère se mélangent aux gouttes de pluie sur son visage. La fureur le submerge et lui glace le sang.

Est-ce qu'Elle imagine ce qu'Elle lui fait endurer à cet instant ? Combien il souffre, combien son coeur est lapidé ?

Il hurle un "non" de désespoir. Son cri retentit au milieu de la nuit mais personne n'est là pour l'entendre.

La rue déserte est le seul témoin de sa détresse.


Il regarde sa montre. Vingt heures trente exactement. Il se lève. Il sait. Il sait qu'il a un corps à aller identifier.

Son corps à Elle qui, ce jour là, a perdu la vie.

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« L'effleure du mâle
par : Spleen36
L'inconvenant »
par : Valentin



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Avatar de LaetitiaP

LaetitiaP

Le 16 juin 2007 à 06:51

Douloureuse séparation de deux corps à jamais perdus dans l'immensité d'un néant probable. Surprenante fin. La description présageait une rupture par abandon ou trahison de l'être aimé. Mais ne plus pouvoir poser son regard sur elle, ne plus voir son corps se mouvoir, c'est le vide... Voilà ce qu'il reste....Rien. Juste la douleur pour raviver la mémoire et inversement. Bien triste tout ça. ;) Nous sommes si peu de choses !
Remonter au texte | #161

Avatar de Sept

Sept

Le 17 juin 2007 à 04:21

On sent la souffrance et la colère du personnage monter au fil de la lecture, on suit passivement son bout de vie en cherchant une cause "banale" (cf : LaetitiaP) à son état d'esprit, pour finir sur une chute à la fois étonnante et bouleversante.

C'est trépas drôle (tss tss facile ...) et c'est réussi. :)
Remonter au texte | #170


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