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Michael (Deuxième partie)

Publié le : 10 décembre 2007 à 21:06 par Corentin (Site web lien externe)
Catégorie : Nouvelles / Essais

Désorienté, je quitte la maison et me dirige vers le fond du champ. J’aperçois Michael qui se met torse nu et s’élance vers la rivière avec Hugo, le chien. Ils s’y jettent et disparaîssent dans une gerbe d’eau. Je me laisserais bien tenter. Je descends la pente en courant. Michael réapparaît, cheveux plaqués sur le visage. Hugo nage bruyamment à ses côtés en aboyant bêtement. D’un souffle, Michael tente de se recoiffer mais sa mèche lui retombe lamentablement sur la figure. Il secoue alors sa tête violemment comme un chien. Un long filet de bave gluante s’éjecte de sa bouche déformée. Il disparaît à nouveau sous l’eau. Hugo aboie après lui, tente de mettre la tête sous l’eau, pour le chercher. Je monte sur un grand rocher parsemé de quelques arbustes, surplombant la rivière. Michael ne m’a pas vu. Hugo non plus. Il doit bien y avoir trois mètres de haut d’ici à la surface, et ensuite au moins six mètres d’eau. Je saute, tête la première, Michael fait alors quelques brasses en arrière. On va se percuter. Je hurle. Je vois Michael, stupéfait, qui relève la tête. Paniqué, il fait quelques mouvements, tente de se dégager. Hugo n’a rien remarqué. J’essaye de freiner. Impossible. Nous tendons nos bras vers l’avant. Je retiens mon souffle.

"Le con ! étouffe Michael.

Et c’est le choc. Un tourbillon d’eau, de lumière et de bulles. Je percute violemment quelque chose de la tête. Je remonte à la surface, cherche précipitamment Michael. Hugo ne comprend rien. Il aboie. Michael ne tarde pas à refaire surface. Il tousse. Il nage vite vers le bord, suivi par Hugo, se traîne péniblement sur le rocher en se comprimant la poitrine.

-Ca va ? je lance un peu paniqué.

-Ouais, bof … Tu m’as défoncé la poitrine, putain ! T’as la tête dure ! Mais t’es taré, t’aurais pu me tuer !

-Désolé, j’ai sauté à côté mais c’est haut et le temps que je sois dans l’eau, t’as bougé.

-Ouais, j’ai bougé, c’est surtout toi qui m’a ssauté dessus tête la première, dit-il en me lançant un regard faussement tueur.

-Désolé.

Je sors, fais quelques pas sur la roche brûlante. Hugo se secoue et en fout partout. Il est trop chou, ce chien. Michael est là, allongé, à mes pieds. Je remarque à quel point il est beau et musclé. Son torse incroyablement bien sculpté s’anime à chaque respiration, laissant voir tous ses abdominaux en contraction. Il bouge un bras, se masse la poitrine. Ses pectoraux saillants se contractent fortement. Dégoulinant d’eau, allongé en plein soleil, son corps luisant est terriblement impressionnant, musclé, sans non plus faire dans la démesure. Son visage, ainsi que sa voix fluette, créent alors un étonnant contraste avec son corps fortement développé. Je me surprends à le regarder. Un gigantesque hématome commence à apparaître sur sa poitrine bleutée.

-Quoi ? me dit-il, se tenant toujours la poitrine, avec un drôle de sourire.

-Rien … T’as un hématome, je crois.

-Ah ? Oui, dit-il lentement en baissant les yeux sur ses pectoraux meurtris.

-Ca ira ?

-Oui, pas de problèmes, dit-il, en se jetant sur Hugo, qui grogne pour jouer et saute partout comme un fou. Michael tente un plaquage sur le chien qui parvient à l’esquiver en se vautrant dans l’eau. Ils sont excellents tous les deux. Michael arrête, essouflé. Je le regarde, comme fasciné. Après un moment, il se tourne vers moi et me demande :

-Et toi ? T’es sûr que ça va ? Fais voir ta tête.

Michael se lève d’un bond agile et me prend la tête fermement à deux mains en scrutant intensément mon front. De près, son corps est plus impressionnant encore. Son visage d’ange avec ses grands yeux noirs, a dû en faire craquer plus d’une.

-Alors, j’ai rien ? je demande.

-Nan, mon chou, tout va bien. Par contre, toi, tu m’as bien défoncé la poitrine, dit-il en riant.

Michael se tourne vers la rivière, scrutant la surface de l’eau. Je lui découvre un dos tout aussi musclé que le reste. Je m’avance à ses côtés, regarde l’eau avec lui. Il s’assoit. Sous cet angle et avec cette lumière, l’eau agitée courant sur les rochers couleur caramel ressemble étrangement à du coca.La chaleur est toujours aussi étouffante. A peine sorti de l’eau fraîche, le soleil reprend ses droits et me chauffe intensément le corps. Je suis déjà presque sec. Du coca. Ca donne envie.

Les rayons lumineux dansent élégamment à la surface de l’eau agitée, irradiant fugitivement ma rétine. Hugo pionce tranquillement sur la pierre chaude. L’instant est si reposant. Tout est calme. Ca sent bon le chien mouillé. Seul l’écoulement de l’eau entre les rochers vient bercer cette douce torpeur de fin de journée. Qu’est-ce qu’on est bien.

-Tu trouves pas qu’on dirait du coca ? me dit Michael.

-Si ! C’est bizarre, j’y pensais justement.

-Ah ouais ? C’est marrant, dit-il, un sourire en coin.

Ca donne envie, hein ?

-T’as une copine ? je l'interroge soudainement.

-… Non, dit-il après un silence. Pas actuellement. Et toi ? C'est sérieux avec Charline ?

-Ouais. Vraiment.

-Bizarre.

-Pourquoi ?

-Je t’imagine plus frivole. Avec ta belle gueule et ton corps, tu dois les faire toutes tomber.

-Je pourrais te renvoyer l’ascenseur. Ce doit être plutôt ton cas, nan ?

-Bah … Ch’ais pas … Pas vraiment, en fait, dit-il assis en ramenant ses jambes sur la poitrine.

-Là, c’est toi qu’est bizarre ! Paske, de toi et moi, t’es le plus baraqué !

-Et toi t’es carrément beau gosse, lâche-t'il en scrutant toujours l’eau, les yeux plissés pour se protéger du soleil.

Devant mon silence, il se détourne de la surface de l’eau pour me chercher du regard.

-Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ? Ca va pas ? lance-t'il.

-Si, ça va. C’est juste que … Je pensais à autre chose, en fait … dis-je, feignant l’indifférence.

Car Michael vient quand même de me dire qu’il me trouve carrément beau gosse … Ca ne veut sans doute rien dire, mais ça m’a marqué. Et puis il a dit ça bizarrement ou est-ce moi qui déforme ?

-Alors les gars, ça va ? Pas trop dure, la vie ? s'exclame alors par derrière une voix moqueuse.

C’est Isabelle. Elle arrive par le champ, en maillot de bain. Qu’elle est belle … Elle se protège les yeux du soleil qui commence à redescendre. J’en profite pour la regarder à loisir. J’en ai le souffle coupé.

-Wow, dis-je, tout bas.

-Alors toi, t’es pas croyable, me glisse Michael, consterné.

-L'eau est bonne ? nous demande Isabelle.

-Ouais, très, répond Michael en mâchonnant un brin d’herbe. Ca rafraîchit. J’en connais un qui en aurait bien besoin.

Grand silence. Isa me dévisage.

-Bon, moi, je me baigne ! dit-elle.

Elle se secoue les cheveux puis fait un élégant plongeon. Un bruit d’éclaboussures. Un soupir de soulagement. Tellement excitant. Et sportive, en plus.

Je regarde Isabelle nager sous l'eau. Quelle grâce. Michael me regarde et soupire.

-Tu sais ce qu’on devrait faire ? dis-je.

-Nan, quoi ? marmonne-t'il, les yeux fermés à moitié endormi.

-Accrocher une corde à une des branches de cet arbre. Ca ferait une putain de balançoire pour se foutre à l’eau.

Michael décolle sa figure de la roche, se retourne sur le dos. Ses abdos se contractent puissamment. Mais qu’est-ce que j’ai à le regarder comme ça ? Il jette un œil au gigantesque chataîgnier surplombant la rivière en face.

-Carrément, lâche-t'il après quelques instants.

On s’y met ? Isa ? T’as de la corde et des outils?

Un moment après, Michael, pieds nus, est juché dans l’arbre à quinze mètres de la surface de l’eau.

-Fais gaffe, putain ! Prends ton temps ! Te casse pas la gueule! hurle-je, tout tremblant.

-T’inquiète, petite nature ! J’assure ! Et puis, c’est que de l’eau !

-T’es con ou quoi ? A cette hauteur, eau ou pas, c’est super dangereux !

Isabelle aurait pu ne pas dire oui, aussi. Du coup, elle stresse à mort. Je regarde Michael, stressé à mort moi aussi. J’aurais jamais dû lui dire ça ! Retenant ma respiration, je suis la progression de Michael vers la branche principale. Soudain, Michael glisse. Isabelle lâche un cri étouffé. Mais il se rattrape immédiatement à une petite branche.

-Le con ! Mais quel con ! dis-je, tout bas.

Michael se balance d’une main, attrape une plus grosse branche de l’autre et se hisse avec aisance.

Isabelle est morte de trouille. Michael ne dit rien, continue à progresser sur la grosse branche, puis s’assoit.

-Je crois que ça y est ! lance-t'il. Tu peux grimper pour essayer de m’envoyer la corde !

-J’arrive ! dis-je pas trop rassuré.

Je grimpe bien aux arbres, mais là, c’est quand même vachement haut. Et j’ai le vertige, évidemment. A moi de me rapprocher autant que possible avec la grosse corde pour tenter de la lui balancer.

Je prends vite de l’altitude, jette un regard à Isabelle pour la rassurer et pour me rassurer aussi.

Arrivé à une espèce de fourche, je me trouve assez proche de Michael qui attend tranquillement.

-Ca va, là ? dis-je.

-J’en sais rien, ouais, ça a pas l’air mal. Essaye ! lance-t'il.

J’enroule un peu la lourde corde, histoire de faire un poids et balance le sac de nœud vers Michael qui le rate en gueulant.

Je recommence, tente de m’avancer un peu, et lance la corde mais emporté par mon élan, je glisse et tombe dans le vide au-dessus des rochers. J’entends Isa hurler.

Tout se passe très lentement. Je me cramponne bêtement à mon bout de corde. Je jette un regard désespéré à Michael qui plonge déjà vers la corde que j’ai envoyée. Il va me rattraper ? Il la saisit d’une main, se vautre lourdement sur la branche, et passe son autre bras sous la branche, rattrappant ainsi la corde à deux mains. Il l’a fait ! Je me cramponne solidement. Le choc est imminent. Ouch. Je sens la corde se tendre violemment. Michael a tenu. La branche se balance. Un gémissement.

-Grouille ! lâche Michael de sa voix fluette étouffée. J’ai la gueule broyée ! Je vais pas tenir longtemps.

Isa reste sans voix. Hugo est juché sur le rocher, et me regarde en aboyant. Il a compris le danger. Je reprends vite mes esprits, jetant un œil aux rochers en contrebas. Pas moyen de sauter dans les rochers. Je dois remonter. Je me hisse jusqu’en haut, attrape la branche, et me mets hors de danger. Michael reste là, sans bouger, allongé sur la branche.

-Merci … sans toi, j’y passais.

-De rien mais t’as vraiment des idées à la con des fois ! dit-il presque posément.

-Ca va ? crie alors Isa. Tout va bien ?

-Tout est ok, dis-je en lui faisant un signe.

-Et Michael ? demande-t'elle paniquée.

-Je vais bien, répond Michael en beuglant, énervé, limite excédé.

Grand silence. Isabelle me regarde étonnée plus que vexée.

-Ca ira, ça ira, tempère Michael.

-Bon tant mieux, dit Isabelle.

C’est l’essentiel. Je vais chercher de quoi te soigner !

-Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu le prends comme ça ? dis-je étonné.

-Elle est trop gentille. A force, ça me gonfle, lâche t-il, tenant la corde d’une seule main et en se mettant sur le dos.

Il fixe le ciel du regard. Il est salement amoché. Il a le visage tuméfié et ensanglanté. Probablement le nez brisé. Il a dû se le faire broyer. J’imagine la violence de l’impact. Un frisson me parcourt le corps. Son torse musclé est aussi écorché. Tout comme ses bras. Heureusement il avait ses gants.

Il respire bruyamment. Sa poitrine meurtrie se soulève puissamment. Je me surprends encore à admirer son corps. Il me regarde, me sourit timidement.

Il s’accroche à la corde solidement fixée à la branche, puis il se laisse glisser rapidement vers la surface qu’il transperce à tout vitesse. Il se hisse sur le rocher. Je vois l’eau dégouliner sur son corps, se mélangeant au sang qui semble couler abondamment. Je descends, plus lentement car je n’ai pas de gants. Il reste trois mètres. Je me laisse tomber. Je rejoins Michael sur son rocher. Son visage est tailladé, sanguinolent. Ses lèvres sont tuméfiées. Un lambeau de peau se détache de son torse. Isabelle arrive avec des pansements. Elle entreprend d’abord de le nettoyer et de le désinfecter. Il grimace. Comme j’aimerais être à sa place. Michael penche la tête sur le côté et me regarde en souriant.

Quoi ? Tu me nargues ? pense-je, en souriant. Quelle chance il a. Cruauté suprême, Isabelle pose un genoux au sol devant lui, le visage collé à ses abdominaux. A sa place je ne tiendrais pas.

-Jonathan ? Tu peux m’aider s’il te plaît? Passe- moi vite un pansement pendant que je lui tiens la compresse, me demande-t'elle.

-Bien sûr," dis-je en me précipitant vers la boîte à pansements.

Je remarque alors qu’Isabelle fixe étrangement des yeux le buste de Michael, et pose le pansement d’une manière plus appuyée que nécessaire. Michael me sourit bizarrement. Alors ça … Il m’aura tout fait … Avec ses sermons à la con sur ma manière de la regarder, le voilà bien content … Enfin. Ce doit être purement physique…

Moi-même, je me suis laissé avoir. Il est si beau. Car, sans être homo, je dois bien reconnaître qu’il me fait un certain effet alors pour une femme …


Après le dîner, Michael et moi allons nous coucher. Bob nous a dit que la journée de demain serait dure. Et puis, on est crevé. On est installé près de la tente, autour d’une bouteille de rhum dont le fond ne devrait plus tarder à être atteint.

J’hésite. L’alcool aidant, j’ai envie d’appeler Charline malgré ce qu’on a convenu. Allez. Je me lève et fais quelque pas en titubant dans le champ. J'appelle Charline. J’entends le bruit de la sonnerie avec une certaine appréhension.

"Oui, allô ? dit la voix de Charline qui résonne anormalement dans mes tympans. J’ai clairement forcé sur le rhum.

-Charline ? C’est Jonathan …

-Ecoute, on avait dit qu’on s’appelait pas. Tu te souviens ? En plus, là, je suis pressée.

-Pressée ?

-Oui, je sors ce soir … Ecoute … Je dois raccrocher. On se voit à ton retour … Ciao.

Elle a raccroché. Difficile de faire plus expéditif. Ca sent bon la rupture définitive. Mais où va t-elle, nom de dieu ? On avait dit qu’on devait prendre notre temps ! Merde, alors !

-Ca va pas ? me demande brusquement Michael qui vient à ma rencontre.

-Tais-toi, dis-je tout bas avec un regard menaçant.

Il n'insiste pas et retourne à la tente un peu penaud. Je me dis que j’ai été un peu dur avec lui. Quelques instants après, je le rejoins dans la tente encore éclairée par une petite lampe faiblarde. Michael, torse nu, est en train de changer ses pansements en grimaçant. Ca a l’air douloureux.

-Tu veux que je t’aide ? dis-je simplement.

-Oui, je veux bien. Tiens, dit-il, me tendant les compresses et le désinfectant.

J’imbibe une compresse d’alcool à 90° dont l’odeur suffocante me monte au nez. Je m’approche de son torse. Michael est à genoux. J’approche mon visage à quelques centimètres de la blessure pour mieux juger son état.

-Ca brûle? Dis-je en plaquant la compresse sur la plus profonde coupure qui lui parcourt les pectoraux.

-Oui, me glisse-t'il à l’oreille.

-Je vais y aller doucement. Tu t’es sacrément amoché.

-Et grâce à qui ? me souffle-t'il.

-Désolé. Merci encore … Quand j’y repense …

-C’est rien. T’aurais fait la même chose. Enfin, j’espère !

-J’aurais essayé, lui dis-je hésitant avant de me pencher à nouveau sur ses blessures. Son corps me fascine. Ses blessures suintantes. J’essaye de me concentrer malgré tout l’alcool que j’ai ingurgité. Je continue à nettoyer en silence.

La poitrine de Michael se soulève lentement. Dehors, il n’y a plus de vent. Plus un bruit. Seul le bruit de nos respirations conjuguées parvient à mon esprit. Curieuse mélodie. Ces vapeurs d’alcool. Ce bruit rythmique. Je me sens bizarre. Comme en transe.

-Ecoute, me dit Michael en prenant une grande inspiration.

-Quoi ? dis-je, relevant lentement de nouveau la tête vers lui.

-Je ...

Lentement, Michael pose sa main sur la mienne et la maintient contre son torse. Je vois son visage qui se penche vers moi. Quoi ? Il ferme les yeux, approche ses lèvres de ma bouche. Je ne sais quoi faire. La confusion la plus totale gagne mon esprit. Le peu que j’ai vécu aux côtés de Michael défile devant mes yeux à toute vitesse, décrypté. Michael est gay.

Je reviens brusquement à moi. Je lui attrape brusquement le bras que j’écarte de moi. Michael me regarde, apeuré. Je le repousse fermement. Sans un regard, je sors de la tente en pleine nuit. Je l’entends me suivre quelques instants plus tard. Je me retourne vers lui.

-Attends, Jojo ! me dit-il.

-Appelle-moi Jonathan ! Et fous-moi la paix! hurle-je sèchement.

-Tu ne t’assumes même pas Jonathan !

Je m’approche lentement de lui. Il me regarde fixement, attendant une réponse. Je devine son cœur en train de battre à toute vitesse sous sa poitrine ravagée.

-Ecoute … Je … Je ne suis pas gay, Michael … J’aime Charline…

J’avoue que tu m’as déstabilisé … Je le reconnais mais je ne le comprends pas, dis-je posément.

Michael ... Je suis sûr de mon amour pour Charline et de mon attirance pour les femmes. Regarde Isabelle ! Elle me rend dingue !

-Alors c’est tout, conclut-il, la tête baissée.

Je le vois s’éloigner vers le rocher. Je préfère remonter vers la maison. Je ne peux pas dormir à côté de Michael ce soir. Pas après ce qu’il s’est passé. Je frappe à la porte. Isabelle ne tarde pas à m’ouvrir.

-Jojo ? Ca va pas ? s’enquit-elle.

-C’est … Je peux entrer ? dis-je.

-Oui, bien sûr, entre … me répond-elle en jetant un regard derrière moi, cherchant quelque chose dans la nuit noire.

-Bob n’est pas là ? demande-je, en me dirigeant vers le salon dont la petite cheminée est allumée.

-Non, il est parti. Une affaire urgente. Il rentre après demain mais qu’est-ce qu’il y a ?

-C’est Michael, dis-je tout bas en m’asseyant sur le divan.

-Quoi, Michael ? demande-t'elle, l’air étonné en s’installant à mes côtés.

-Il … m’a … embrassé … Enfin, presque.

-Quoi ? dit-elle, le souffle coupé.

-Il est gay, Isa.

-Et ?

-J’avoue que physiquement, il m’a un peu attiré mais c’est surtout l’alcool …

-D’accord. Et tu l’as repoussé ?

-Oui …

-Et donc ?

-Donc comment voulez-vous que pieute sous cette putain de tente? lui crie-je

Isabelle a un mouvement de recul.

-Pardon, Isa, je ne voulais pas réagir comme ça. Je suis désolé.

-C’est rien, c’est rien, dit-elle en me prenant dans ses bras et en posant sa tête sur mes épaules.

Je sens son doux parfum enivrant et je reste ainsi quelques instants. Puis elle s’écarte un peu, me regarde en face … Je pleure.

Je me perds de nouveau dans ses magnifiques yeux couleur lagon. Je ne sais plus où j’en suis. Michael … Et cette magnifique femme qui me fait face alors que je fonds en larmes.

Les flammes de la cheminée se reflètent dans les yeux d’Isabelle, les rendant encore plus beaux et mystérieux. Elle me regarde, se mord la lèvre inférieure, approche lentement son visage du mien, bascule la tête. Elle ferme les yeux puis l’instant d’après, elle est en train de m’embrasser. Elle s’arrête pour me souffler à l’oreille :

-Depuis le début, je suis folle de toi."

Totalement perdu mais ne pleurant plus, je la fixe un instant du regard. Elle se mord la lèvre. Encore. Ses yeux pétillent. Quelle soirée. Je m’approche lentement d’elle, la prend dans mes bras, l’embrasse, puis m’allonge sur elle pour la plus belle des nuits.


J’ouvre lentement les yeux. Isabelle dort encore auprès de moi. Ce n’était donc pas qu’un merveilleux rêve. J’approche mon visage du sien et l’embrasse pour la réveiller en beauté. Elle ouvre les yeux, puis son visage s’illumine d’un magnifique sourire. Je lui souris aussi et m’allonge près d’elle. Elle n’arrête pas de sourire. Je tente de prononcer quelques mots :

"On a …

-Chut … me glisse-t'elle. Ne dis rien.

Puis elle ferme les yeux et se rendort. Je l’imite quelques instants plus tard.

Lorsque je me réveille, Isa n’est plus là. Je me lève, étonné, enfile mon caleçon. Je me dirige vers la cuisine, entend des voix. Isa et … Michael ? Ils sont là tous les deux en train de prendre leur petit-déjeuner. Isa me lance un regard qui me fait toujours autant d’effet. Michael nous observe en silence. Il a probablement tout compris. Ou alors, elle est capable de lui avoir dit. Je commence à la connaître … Mais dans quelle situation me suis-je encore mis ?

-Bon, euh … Je vais vous laisser, hein, glisse Michael.

Je m'installe devant elle, en silence, profitant de son magnifique visage, de son sourire, de ses yeux.

-Ecoute, Isa … Comment on va faire? Je veux dire, nous deux … dis-je.

-Oui, je sais, c’est … Je suis désolée, mais ça ne pourra pas marcher.

-Tu es avec Bob, je sais.

-Je t’aime Jonathan, dit-elle tout bas.

-Mais Bob ?

-Je l’aime aussi. Tu dois me trouver folle mais …

-Non, Isa ! Moi aussi, j’aime encore ma copine même si je suis fou de toi ! Mais tu m’as totalement séduit.

Elle se penche vers moi, nous nous embrassons longuement.

-Ecoute, dit-elle, je crois que, le mieux … Je ... On a tant de différence d’âge.

-Ca n’est pas pour nous que c’est gênant. Mais je ne pourrai pas faire ça à Bob.

Elle me sourit.

-Je repars aujourd’hui. C’est mieux, dis-je.

Tu m’écriras ? dit-elle tout bas, la voix tremblotante."


J'ai acquiescé. Et puis je suis parti. Comme ça, sans rien expliquer à Bob qui quand il reviendra, verra que je ne serai plus là. Je ne sais pas ce qu'Isa lui racontera. Michael m’a promis de ne rien dire.

On s’est quitté très bons amis. Je sais bien que Michael était amer, qu’il aurait préféré que je sois gay. Mais je ne le suis pas. Pourtant, je me dis qu'il aurait été parfait. Grand, beau, fort, gentil, intelligent. Un type merveilleux.

Le train file à travers la campagne desséchée. A chaque instant, je me rapproche un peu plus de Charline. Il fait très chaud. Je bois une gorgée d’eau. Chaude. Je pose la tête contre la vitre brûlante, regarde le paysage défiler. Je ferme les yeux. Je revois la beauté transcendante d’Isa … Elle me dit que c’est mieux comme ça. Je sais, mais jamais je ne l'oublierai. Puis Charline m’apparaît, souriante, avant que je ne m’endorme profondément.

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Lecteur de passage (noe)

Le 11 décembre 2007 à 22:27

ta 2ème partie vire à l'eau de rose,c'est trop prévisible comme fin;j'aurais mieux aimé que ça ne soit pas le politiquement correct qui l'emporte.A quand une histoire où ce ne sont pas les hétéros qui ont le beau rôle?
Remonter au texte | #678

Avatar de Corentin

Corentin

Le 11 décembre 2007 à 22:28

C'est un reproche que l'on m'a déjà fait, et je le comprends. J'envisage de couper cette fin "à l'eau de rose". Cela ne me gênerait pas.
Remonter au texte | #679

Avatar de Vagabonde

Vagabonde

Le 22 décembre 2007 à 14:54

C'est toujours difficile d'écrire les dialogues d'un texte et il me semble que pour le coup,il y en a ici peut-être un peu trop.
J'ai vu que tu projetais de modifier la fin, il faudra que tu nous la fasses découvrir pour voir ce que donnerait ta nouvelle avec une issue différente.
Remonter au texte | #694


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